“La tempête” épisode 3 - Ceci a lieu dans un univers parallèle sur une planète égarée. Tout ce qui est narré ci-bas n’est que chimère et artifice, rêve, conte et forfanterie.
—
—
_ Bonsoir Jeanne, désirez-vous la même chose ? Garçon, lança-t-il à un serveur qui passait à l’instant, une cervoise rousse pour la demoiselle s’il-vous-plaît !
Jeanne resta pantoise. L’homme connaissait son nom. « Je me méfie pourtant du ratafia et n’en bois plus depuis longtemps. » pensa-t-elle. « Où donc ai-je rencontré cette personne ? Nous n’avons jamais navigué sur le même bateau, c’est certain. Par contre sur deux navires lancés sur la même course, c’est possible. Zut ! Aucun souvenir. Mais je ne pense pas avoir fait plus que discuter un peu, ma mémoire fatiguée n’est tout de même pas totalement atteinte. »
Jeanne sourit à l’homme. « Merci, j’aime la cervoise rousse et celle qu’on sert dans ce pays est très bonne parait-il. Cependant je cherchais plutôt à manger, s’il reste une place quelque part où s’asseoir, répondit-elle.
_ Très bonne bonne idée, je n’ai pas dîné non plus, allons donc trouver une table. La Taverne du Théâtre, ça vous dit ? On y sert des fruits de mer et des plats régionaux. Ils ont une terrasse au calme dans un jardin à l’arrière. Par contre vous ne pourrez pas voir les musiciens, on les entendra seulement.
_ Et bien pourquoi pas, un peu de calme ne me déplaira pas, je débarque à l’instant et je n’ai pas encore bien atterri.
_ Oui j’ai vu le Cinglant entrer au port tout à l’heure.
Ils burent leur cervoise rapidement puis Jeanne suivi l’homme qui se dirigeait à travers la foule comme un surfeur sur les vagues, laissant le flot l’emporter quand il le guidait dans la bonne direction, puis se glissant dans un autre flot pour garder le cap. Jeanne sorti son intégral des poches de son jupon et réussi à saisir l’homme en photo de profil lors d’un de ces changements de direction. Elle tapota rapidement sur l’écran tout en marchant. Elle put assez vite identifier l’homme parmi la liste de ses nombreux contacts. Une chance ! Il s’appelait Lorenzo et ils avaient effectivement participé à une course commune, quelques années plus tôt. Mais elle ne se rappelait vraiment rien qui puisse les concerner tous les deux. Du bavardage lors d’une soirée trop arrosée, quoi d’autre ? Peu importe, il avait un visage ouvert et le regard intelligent. Jeanne, désoeuvrée, estima qu’elle pouvait se laisser porter par cette légère brise. Elle sentait pourtant qu’il ne faudrait pas lui céder autre chose ce soir que des paroles et du temps. Une sourde angoisse l’habitait depuis quelques mois, c’est pourquoi elle avait choisi de rester à terre le temps qu’il faudrait. L’époque n’était pas à la badinerie. Une tempête se préparait. Ce ne serait pas un coup de vent ordinaire, celui-ci balaierait tout sur son passage. Toute chose et toute civilisation. Elle ne se doutait pas que cette rencontre allait justement jouer un rôle important lors de l’inévitable qui se préparait.
—
« Tout est en harmonie avec moi de ce qui est en harmonie avec toi, ô monde ; rien ne me vient trop tôt ou trop tard de ce qui vient à point pour toi ; tout m’est fruit de ce qu’apportent tes saisons, ô nature ; de toi toutes choses ; en toi toutes choses ; vers toi toutes choses. » Marc-Aurèle
—